Henry Hemming marche dans les pas des maîtres du roman d’espionnage John Le Carré et Ian Fleming. Nom de Code M retrace le fabuleux destin d’un agent secret du siècle dernier Maxwell Knight (1900-1968).
En face de Clapham Common, un immense parc public dans une banlieue verdoyante du sud de Londres, se trouve un lieu curieux appelé Balans Soho Society, qui tient à la fois du restaurant américain et du salon de thé, où se retrouvent les mères au foyer du quartier pour meubler leur ennui. Mais quand le soleil se couche, cet établissement en apparence respectable se transforme, selon des rumeurs, en un Hellfire club, une porte ouverte vers les ténèbres, un monde de stupre, de luxure et d’excès. L’endroit parfait pour rencontrer l’écrivain anglais Henry Hemming. Son dernier livre, Nom de code M, vient d’être traduit en français[1] et relate le destin d’un homme aussi difficile à cerner que ce café-restaurant pour bobos londoniens. « M » désigne Maxwell Knight, le maître-espion britannique par excellence, qui aurait inspiré le personnage de « M » dans James Bond.
Hemming sélectionne ses sujets d’étude parmi les grtourmenté de ces personnalités hors du commun. Il est fasciné par l’excentricité – un de ses derniers livres s’intitule d’ailleurs A la recherche de l’excentrique anglais (In Search of the English Excentric).
Rien ne prédisposait son personnage « M » à devenir un maître-espion de grtoire pour son personnage haut en couleur, Jack Brotherhood, dans son plus bel ouvrage, A Perfect Spy traduit par Un pur espion en France.
Dans les années 1920, à l’époque où Mussolini faisait encore l’objet d’une grtout soupçon – infiltrés dans les rouages de l’Etat au profit de leurs donneurs d’ordre à Moscou.
« M » présentait une rare aptitude au recrutement et à la direction d’agents : « C’était le seul emploi dans lequel il s’était jamais épanoui. Il détonnerait dans le MI5 d’aujourd’hui, mais cela ne veut pas dire que les agents secrets actuels manquent de personnalité par rapport à la communauté du contre-espionnage britannique de l’entre-deux guerres », souligne Henry Hemming, assis dans la pénombre, devant la cheminée qui crépite, en sirotant un expresso. « Au départ, je devais écrire un livre sur l’une des premières espionnes britanniques, Olga Gray, que Maxwell avait recrutée et qui avait démantelé le réseau d’espionnage de l’arsenal de Woolwich. C’est là que je me suis aperçu que le personnage de « M », lui-même, était vraiment irrésistible ».
A l’origine, l’écrivain Hemming voulait devenir artiste peintre, mais c’est à la faveur d’un voyage à travers le Moyen-Orient, il y a une dizaine d’années, que le jeune journaliste, hisand talent, des biographies d’espions au service de la Couronne britannique. Il a entrepris, pour ce faire, un travail colossal d’exploitation des archives nationales, installées au sein des superbes jardins botaniques, les Kew Gardens, au sud-ouest de Londres. Avec détermination, il exhume sans relâche des masses de documents déclassifiés, dont l’examen minutieux lui permet de reconstituer des parcours d’hommes et de femmes, qui ont sacrifié leur existence à la sécurité nationale. Un véritable travail de détective, qui lui a permis de lever le voile sur l’identité des membres du réseau animé par « M ». Son prochain livre, Our Man in New York, à paraître en 2019, sera consacré à une opération du MI6 destinée à convaincre les Etats-Unis d’entrer dans la deuxième guerre mondiale.
En exerçant sa vive intelligence et son œil critique, Hemming parvient à donner un sens à ce puzzle géant d’une grtoire, en menant l’enquête sur les tunnels qui reliaient les parties Est et Ouest dans le Berlin de la guerre froide.
Parmi les plus grtout d’abord pendant la première guerre mondiale puis contre le fascisme, le communisme, le nazisme, les Soviétiques et plus récemment contre la cyberguerre, a attiré pendant 15 ans des millions de visiteurs. Avec son genre littéraire nouveau et ses biographies inédites, Henry Hemming pourrait être cet écrivain tant attendu du public.
[1] Henry Hemming : Nom de code M, Paris, Mareuil éditions, octobre 2018, 430 pages.
[2] Littéralement: MI5 (Renseignement militaire, section 5), qui est l’autre nom du Security Service et le MI6 (Renseignement militaire, section 6), nom sous lequel on connaît le SIS (Secret Intelligence Service). Moins connu est le plus gros des services de renseignement britanniques : le Government Communications Headquarters (GCHQ), en charge du renseignement d’origine électromagnétique et de la sécurité des communications et des systèmes d’information du gouvernement et des armées.