Dans un livre d’entretiens, l’ancien légionnaire Victor Ferreira donne la parole aux soldats français chargés du déminage. de la Manche au Mali, ces hommes et ces femmes parfois très jeunes désamorcent des engins meurtriers avec un sang-froid exemplaire.
Dans le film six fois oscarisé, The Hurt Locker (Démineurs), de la réalisatrice américaine Kathryn Bigelow, en 2009, le spectateur médusé se retrouvait transporté en 2004 sur le théâtre de guerre irakien, à partager l’existence intense et tragique de soldats de l’US Army. Leur mission au quotidien consistait à désamorcer des engins explosifs improvisés (IED[1]) andait quels mécanismes psychologiques pouvaient bien s’enclencher dans le cerveau de ces soldats pour les décider à exécuter des missions aussi périlleuses.
Dix ans plus tard, la réalité dépasse la fiction, notamment en France, dans le livre d’interviews intitulé Démineur[3] de Vicandide, elle déclare : « Je n’ai pas encore découvert d’engin ; mais j’en ai très envie. Je veux savoir comment va battre mon cœur, comment je vais réagir ». Sidération du lecteur.
Une autre femme EOD suscite l’admiration de Charlotte au sein de Barkhane : Michèle, 32 ans, sous-officier, femme de militaire et mère d’un petit enfant resté avec son père en métropole, mène sa première mission au Mali. « Le métier que j’ai choisi n’est pas plus dangereux que de traverser les grtout éventuel contradicteur sans voix.
Leur engagement interpelle. Comment en sont-elles arrivées là ? Leur détermination à exécuter leur mission et leur capacité naturelle à garder leurs nerfs nous bouleverse. Contre tor Ferreira !
Les personnels rencontrés par l’auteur sont issus tant des régiments du Génie de l’armée de terre, que des plongeurs démineurs de la Marine nationale ou des démineurs de la police judiciaire et de la sécurité civile.
Apparemment, d’après les explications qu’ils en donnent eux-mêmes, ces spécialistes parviennent à rationaliser le caractère en apparence insensé de leur tâche pour un novice, en s’isolant mentalement dans une bulle technique et en respectant à la lettre une série de procédures draconiennes. On notera aussi que nombre d’entre eux ont coutume de personnifier l’objet diabolique à désamorcer. « L’affaire se règle à deux : vous et l’engin. Je le considère à chaque fois comme plus fort que moi. Je dois parvenir à le maîtriser en le prenant à son propre piège », explique l’un d’entre eux.
« Quandes sur les fonds marins de la Manche et dans les baies de Seine et de Somme.
Ayant passé lui-même 23 ans à guerroyer avec ses frères d’armes de la Légion dans les conflits meurtriers de l’après-guerre froide, l’auteur comprend instinctivement de quelle fibre sont faits ces hommes et femmes, touchent aux tréfonds de l’âme et redonne foi en l’avenir du monde occidental.
[1] IED : Improvised Explosive Device
[2] Francis FUKUYAMA: La Fin de l’histoire et le dernier homme, 1992.
[3] Victobre 2018.
[4] Les « asperges de Rommel » sont des pieux de bois implantés en 1944 dans le sable à distance régulière et sur lesquels ont été fixées des mines afin de détruire les péniches de débarquement.